Parole de MOF Boulanger : Mickaël MORIEUX

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Mickael MORIEUX - Meilleur Ouvrier de France Boulanger
Mickael MORIEUX - Meilleur Ouvrier de France Boulanger

Transmettre les métiers de la Boulangerie

On le sait, peu de choses s’accroissent uniquement par le partage. Mais il en est deux pour qui le partage est essentiel : la connaissance et le savoir-faire. Alors, ne gardons pas pour nous nos recettes, nos tours de main et tous ces gestes qui perpétuent jour après jour notre tradition boulangère.

 

Transmettre pour former les patrons de demain

On entend souvent des artisans se plaindre quant à leurs difficultés de recrutement. Trouver du personnel compétent semble être devenu une tâche particulièrement difficile, voire impossible pour certains. Le manque de perspectives offertes aux ouvriers n’y est certainement pas étranger : il est difficilement envisageable de fidéliser des hommes et des femmes si l’on ne leur donne pas la possibilité d’évoluer, de prendre des responsabilités et de s’épanouir dans leur travail quotidien. Ainsi, la transmission est un enjeu quotidien afin d’impliquer le personnel dans un véritable projet, qui aboutira à terme à une «prise d’envol» et à la formation de véritables chefs d’entreprise, mus à leur tour par cette même volonté de partager les responsabilités autant que le savoir. C’est de cette façon que la pérennité de la boulangerie artisanale sera assurée.

 

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Transmettre pour assurer la pérennité du savoir-faire

Les écoles, centres d’apprentissage et autres lieux de formation transmettent une vision théorique et réductrice du métier. Dès lors, il est nécessaire que les aspirants boulangers puissent apprendre au contact d’artisans expérimentés, détenteurs d’une connaissance éprouvée au fil du temps et des rencontres. Ceci ne peut être transmis par les livres ou les supports de cours, mais uniquement au quotidien, par la reproduction des gestes et la pratique. Ce mécanisme de transmission naturelle s’opère dès lors que l’on exerce le métier avec un état d’esprit généreux et ouvert aux autres.

 

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La transmission, une affaire de volonté et d’état d’esprit

Comme souligné précédemment, il n’est pas possible de parvenir à inciter qui que ce soit à se «lancer» dans l’univers de la boulangerie-pâtisserie sans l’espoir d’y trouver un accompagnement adéquat.

Le dispositif d’apprentissage, mixant formation théorique et période en entreprise, est une bonne idée en soi. Malheureusement, la réalité est souvent toute autre : l’apprenti est réduit à des tâches basiques, nullement enrichissantes. Sous-considérés, soumis à des charges de travail et à des cadences harassantes, certains candidats, pourtant réellement motivés, peuvent être tentés par l’abandon et le changement de voie.  Les chefs d’entreprise doivent prendre aujourd’hui conscience de la portée de leurs actes et s’engager dans une démarche de partage honnête et sincère : le travail en sera fait de façon plus efficace et les risques de subir des absences inopinées du personnel n’en seront que réduites.

Attention cependant : pour mener à bien cette mission de transmission, il convient de limiter le nombre d’apprentis présents dans l’entreprise afin de pouvoir sans difficulté les suivre individuellement et éviter de créer un déséquilibre au sein du personnel.

 

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Un bon exemple est assurément l’état d’esprit et la volonté qui président à la démarche mise en œuvre depuis fort longtemps au sein du Compagnonnage. Cependant, des querelles tout à fait théoriques et bien éloignées de l’intérêt commun remettent en cause le bon fonctionnement de ce mécanisme, qui devrait pourtant aboutir à former d’excellents boulangers. Le Compagnonnage représente en effet une superbe opportunité de se former au sein de nombreux fournils, avec des spécificités bien marquées pour chacun. En effet, transmettre, c’est aussi accepter que les gens partent vers d’autres horizons… même s’ils s’éloignent de la boulangerie.

 

Aujourd’hui, la filière commence à prendre conscience de l’importance du travail à effectuer auprès des jeunes et des porteurs de projet en reconversion. Les apprentis sont valorisés dans les concours professionnels grâce à une catégorie qui leur est réservée. Cette opportunité favorise une émulation positive et implique toute l’entreprise dans l’idée de donner le meilleur de soi au quotidien.

La Fête du Pain a cette année choisi pour thème : les jeunes en boulangerie. Voilà qui illustre parfaitement cette prise de conscience que je souhaite saluer et partager avec vous.